Charlotte Delbo fut la secrétaire de Louis Jouvet. Femme de lettres et résistante, elle a été déportée à Auschwitz en 1943.

 

Septembre 1941, Buenos Aires : « Il faut que je rentre. Je ne peux pas supporter d’être à l’abri pendant qu’on guillotine les camarades. Je n’oserais plus regarder personne, après. » Voici les mots de Charlotte Delbo, à son patron Louis Jouvet qui tente en vain, par tous les moyens, de la retenir. « Tâche de ne pas te faire prendre. Folle. Tu veux vraiment partir ? Reste. Reste, tu vas te jeter dans la gueule du loup. »

 

Elle rentre en France le 15 novembre 1941, rejoint son époux Georges Dudach, rédacteur en chef des Cahiers de la Jeunesse. Ils vivent « dans le brouillard », tapant textes et articles de résistance, écoutant la radio.

 

Trois mois plus tard, le 2 mars 1942, les brigades spéciales font irruption chez eux. Georges Dudach est fusillé le 23 mai 1942 au Mont Valérien. Charlotte Delbo quitte la Santé pour Romainville le 24 août 1942 et est emmenée à Auschwitz par le Convoi du 24 janvier 1943.

 

Charlotte Delbo écrit à son retour récits et pièces de théâtre pour témoigner de son expérience.Trilogie Auschwitz et après : Aucun de nous ne reviendra/Une Connaissance inutile/Mesure de nos jours)

 

             Le Projet « Nous rapporterons ces Paroles »  est né de la rencontre avec Fabienne Margarita qui souhaitait une collaboration entre comédiennes professionnelles et amateurs pour travailler sur le texte de Charlotte Delbo: « Qui rapportera ces paroles »

 

 « Trois voix s’élèvent ici, et s’affrontent : la vie, la mort, l’histoire. Ce sont les trois voix de la tragédie : dialogue entre la vie et la mort, sous l’étreinte de l’histoire.

 

Dans la tragédie classique, l’histoire prend le nom de destin et les héros qui se débattent dans son piège empruntent leurs traits aux dieux et aux rois. Le héros, ici, c’est tout un peuple et ses porte-parole sont gens ordinaires que l’histoire empoigne et emporte,comme elle le fait dans ses paroxysmes : les moments aigus de la lutte dont l’enjeu est la vie, c’est-à-dire la liberté.

 

Que l’action se situe dans un camp ne limite ni son champ ni sa portée. Hélas ! L’histoire ne s’apaise pas (…) dans ‘’Qui rapportera ces paroles ?’’, la vie a le dernier mot puisque quelqu’un revient et parle. »